Pneus pour véhicules de Tourisme, SUV et camionnette (TC4)
Durant le premier semestre 2024, les principaux manufacturiers ont mis en marché 15,4 millions de pneus TC4 (Tourisme, Camionnette et 4×4 SUV), soit +5% d’unités par rapport au premier semestre 2023 (Sell In). Tendance quasi identique des ventes enregistrées par les détaillants auprès des consommateurs finaux (+4,6% Sell Out).
Tous les segments progressent. Les pneus Tourisme qui représentent 85% des volumes affichent des évolutions de +3,7% en Sell In et +3,9% en Sell out. Le rebond est spectaculaire pour les pneus (4×4 SUV +17,9% Sell In et +12,8% Sell out). Les pneus camionnette majoritairement dévolus à une clientèle de professionnels et donc moins directement soumis aux variations de prix et aux problématiques de pouvoir d’achat enregistrent également une progression des ventes Sell Out de 6,9%, +4,1% en termes de mises sur le marché.
Ces résultats semestriels encourageants ne doivent toutefois pas faire oublier que les volumes de pneus Tourisme peinent à revenir à des niveaux supérieurs à ceux qui ont précédé la crise sanitaire de 2020. Les ventes au premier semestre 2024 sont 9% inférieures à celles du premier semestre 2019.
Niveaux de prix moyens
Après une première surchauffe post-confinements, les prix moyens ont commencé à croître au second semestre 2021 pour atteindre un pic au second semestre 2022. Les plus fortes augmentations ont été enregistrées sur les pneus Tourisme (+35%), puis camionnette et enfin 4×4 SUV, pneus pour lesquels la hausse des prix moyens n’aura pas dépassé 22% durant la période d’inflation.
Les premières baisses significatives s’enregistrent au premier semestre 2024 sur les pneus les plus chers (4×4 SUV) avec un retour à un niveau de prix pré-inflation. Au premier semestre 2024, le prix moyen des pneus Tourisme est évalué 104€ (+0,7%), celui du pneu 4×4 SUV à 162€ (-3,6%).
Niveaux de gamme
Logiquement, les arbitrages de consommation durant la période d’inflation ont été défavorables aux marques Premium mais favorables aux marques B et aux marques Budget. Les marques Premium, grandes pourvoyeuses de pneus à forte valeur ajoutée comme les pneus hiver et 4 saisons bénéficient des effets positifs de la loi Montagne durant les périodes hivernales mais souffrent le reste de l’année. Leur part de marché s’établissait à 56% au premier semestre 2019 et atteignaient même 59% au second semestre 2021, période d’entrée en vigueur de la loi montagne, elle a fondu à 49% au premier semestre 2024. À l’inverse, les marques Budget nettement moins chères ont vu leur part de vente progresser de 13% à 19% entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2024. Les évolutions sont beaucoup moins franches en milieu de gamme : +2 points pour les marques B et stabilité pour les marques exclusives (Tradebrand).
Le marques Budget n’ont toutefois pas échappé à l’inflation. Leurs prix ont augmenté dans des proportions équivalentes à celles des autres marques. Les hausses ont même été relativement plus fortes que sur les Premiums. Néanmoins, au premier semestre 2024, les marques Budget (61€) sortent moitié moins chères que les marques Premium (129€).
Saisons
Le pneu 4 saisons continue sa progression (+22,3%) au détriment du pneu été (-3,8%) qui enregistre son plus bas niveau de vente sur un premier semestre depuis 5 ans. L’essor des pneus 4 saisons se prolonge hors périodes hivernales. Les automobilistes ont compris le message, les ventes tendent désormais à se lisser tout au long de l’année. Les pneus 4 saisons se sont habilement positionnés pour bénéficier au mieux des effets de la loi Montagne (malgré l’inflation) et se positionner en alternative crédible aux pneus été. Le prix moyen des pneus 4 saisons marqués 3PMSF (102€) se confond désormais avec celui des pneus été (103€).
Produit de niche haut de gamme et très saisonnier, le pneu hiver a vu son prix moyen s’envoler (123€). Il se vend prioritairement en début de période hivernale. Sa part de marché est passée de 15% sur les 6 derniers mois de l’année 2023 à 5% au semestre suivant.
Le marché des pneus Poids Lourds
La hausse des coûts de production et la baisse de la demande touchent durement le secteur du transport routier de marchandises. Les volumes des pneus Poids Lourds s’en ressentent (-0,7%) et sont au plus bas depuis 2022.
Depuis le second semestre 2019 en France, les volumes mis sur le marché par les principaux manufacturiers (Sell In neufs) sont inférieurs aux volumes commercialisés auprès des utilisateurs finaux (Sell Out neufs). Ce phénomène qui traduit en creux une hausse massive des produits d’importation s’est accentué durant la période d’inflation. Les volumes de pneus poids lourds low cost importés ont bondi durant cette période.
La baisse, lente mais constante des prix moyens sur le neuf (-2,9%) et la quasi-stabilité des prix des rechapés (-1,3%) contribue à une détérioration du taux de couverture entre les 2 segments. Après avoir longtemps représenté la moitié puis 1/3 des ventes, les rechapés n’en représentent plus que 26% en 2024. L’objectif fixé par le Ministère de la transition écologique à la filière pneumatique (50% de pneus rechapés en 2028 par Arrêté du 27 juin 2023) apparaît de plus en plus déconnecté des réalités du marché.
« Sous l’effet d’événements conjoncturels multiples, le marché du pneu fait l’objet d’importantes mutations. La loi Montagne a modifié profondément l’équilibre entre segments : solution polyvalente pour les utilisateurs comme pour les revendeurs, le pneu Toutes Saisons couvre aujourd’hui un tiers du marché et on peut penser qu’il peut potentiellement représenter la moitié des ventes de pneus TC4.
La pression économique sur les automobilistes influence la répartition entre les niveaux de gamme : la recherche de prix ajustés porte les achats de pneus Budget à 20 % du marché avec pour conséquence la baisse du Premium qui représente pour la première fois moins de 50% du marché. Ce constat ne nous porte pas à l’optimisme : malgré une inflation dimensionnelle liée à la croissance du parc de SUV, notre marché s’appauvrit durablement et malgré une légère progression des achats en 2023, il n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant Covid.
Double peine pour les pneus poids lourd ! Les achats des flottes sont au plus bas et s’orientent de plus en plus vers des produits économiques, qui au-delà de la commercialisation des pneus neufs impactent lourdement l’industrie du rechapage. »
Dominique Stempfel, Président du Syndicat du pneu