Pour la cinquième année consécutive, la saison hivernale débute sans qu’aucun texte ne précise les modalités de verbalisation des automobilistes ne respectant pas les dispositions de la Loi Montagne.
Cette absence de cadre est regrettable : certains conducteurs en déduisent à tort que la réglementation n’est pas en vigueur. Résultat : des automobilistes circulent sans équipement adapté, au risque d’accidents, de blocages et de situations de danger pour eux-mêmes comme pour les autres usagers.
Les pouvoirs publics avaient annoncé qu’une phase d’information et de pédagogie était indispensable pour accompagner l’entrée en vigueur de la loi. Mais cette période est aujourd’hui révolue. La signature du décret d’application devient donc urgente et légitime. D’autant que, selon les données de la filière, la durée moyenne d’utilisation d’un pneu en France est de quatre ans : le temps qu’il a fallu aux automobilistes pour renouveler naturellement leurs équipements. La signature du décret d’application est donc légitime et urgente
Une discrimination entre automobilistes
Les chiffres le confirment : la majorité des conducteurs s’équipe. Sur les douze derniers mois, 53% des pneus tourisme neufs vendus en France étaient marqués 3PMSF, donc conformes à la Loi Montagne (Source panel GfK/syndicat du pneu). Parmi eux :
- 11 % de pneus hiver
- 42 % de pneus toutes saisons
Cette évolution est considérable : les pneus toutes saisons représentaient seulement 16 % des ventes en 2015 et 25 % en 2019.
Les automobilistes ont compris les enjeux : selon l’étude GiPA 2025 réalisée pour le Syndicat du Pneu :
- 82 % connaissent la loi montagne, ils n’étaient que 27% en 2019
- 91 % la jugent utile ou très utile,
- 69 % estiment nécessaire d’être équipés en hiver.
L’absence de sanctions crée donc un sentiment d’injustice entre ceux qui respectent la loi et ceux qui continuent à circuler sans précaution, mettant en danger leur vie et celle des autres.
Une réglementation trop permissive
La France reste le pays de montagne le plus permissif d’Europe. Elle admet encore que la simple détention de chaînes ou de chaussettes dans le coffre suffise à être en règle. Les pays voisins, eux, exigent des pneumatiques 3PMSF montés sur le véhicule, soit pour toute la saison hivernale, soit durant les épisodes neigeux. Un véhicule non conforme y est verbalisé, immobilisé, et son conducteur peut perdre la couverture de son assurance en cas d’accident.
Ni surcoût, ni profit pour la filière
Contrairement aux craintes exprimées, la Loi Montagne n’a pas entraîné de surconsommation de pneus ni d’enrichissement de la filière.
Les automobilistes remplacent leurs pneus uniquement lorsqu’ils sont usés, et le marché global recule d’environ 5 %.
Le coût n’est plus un frein : selon l’étude GfK/Syndicat du Pneu, un pneu toutes saisons marqué 3PMSF coûte en moyenne 2 % de moins qu’un pneu été. La concurrence joue pleinement son rôle, et la sécurité n’a donc plus à s’opposer au pouvoir d’achat.
Une météo toujours imprévisible
Le réchauffement climatique ne saurait justifier l’inaction : les épisodes neigeux restent fréquents et parfois intenses. L’hiver dernier encore, d’importantes chutes de neige ont provoqué des blocages et des accidents en série y compris dans des zones non couvertes par la règlementation. Parmi les plus marquants :
- Le 21-22 novembre 2024, l’épisode dit de la Tempête Caetano a provoqué des chutes de neige jusque dans les plaine de l’est de la France. Sur l’Autoroute A36 (secteur Montbéliard / Doubs) 2000 à 2500 poids-lourds étaient bloqués sur plusieurs kilomètres, et des véhicules légers immobilisés dans la nuit.
- Du 8 au 9 janvier 2025 dans la région des Hauts‑de‑France (Nord, Pas-de-Calais, Oise…), un épisode neige-verglas avec cumuls de 5 à 10 cm (voire jusqu’à 20 cm localement) a entraîné des restrictions de circulation : limitation de vitesse, interdiction de dépassement pour poids-lourds, etc.
La Loi Montagne s’applique aux automobilistes résidant, se rendant ou traversant une zone concernée or ces zones sont complexes : seuls 6 départements sont totalement couverts, tandis que 28 ne le sont qu’en partie, parfois au niveau communal. Cette complexité renforce la nécessité d’être systématiquement équipé, afin de pouvoir circuler sans restriction.
Une exigence de pédagogie et de clarté
La sécurité routière hivernale n’est plus une grande cause nationale, mais elle doit le redevenir. Le Syndicat du Pneu rappelle que l’adhérence des pneumatiques est essentielle à la sécurité :
- Sous +7 °C, la gomme des pneus été durcit et perd son efficacité.`
- À 80 km/h sur route mouillée, la distance de freinage est 4 mètres plus courte avec des pneus 3PMSF.
- Sur neige à 50 km/h, l’écart atteint 30 mètres (tests TÜV SÜD 2013).
La complexité du dispositif et les messages contradictoires ont brouillé l’objectif initial : assurer la motricité et la sécurité des usagers. Le Syndicat du Pneu appelle à :
- une clarification de la Loi Montagne,
- la mise en œuvre effective de la verbalisation,
- et une pédagogie renforcée auprès des automobilistes.
Engagé pour l’amélioration de la sécurité sur la route, le Syndicat du Pneu attire l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité de renforcer cette saison les actions pédagogiques sur l’intérêt des pneus 3PMSF et de façon plus incitative, d’utiliser dès le 1er novembre 2026. la voie de la verbalisation pour convaincre les derniers automobilistes contrevenants. Il n’y a plus aucune raison objective pour ne pas le faire….